Le ciel était lourd ce matin-là. Gris, étouffant, silencieux. Dans les allées désertes d’un cimetière ancien, une jeune femme marchait lentement. Seule. Elle portait un manteau usé, mal fermé sur un ventre déjà bien arrondi. Les passants l’auraient peut-être trouvée fragile, perdue. Elle s’appelait Lesya, et depuis la mort soudaine de son fiancé, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.
Elle était orpheline, sans famille, sans proches. Il ne lui restait que ce lieu, cette tombe, ce nom gravé dans le marbre. Elle venait souvent, mais ce jour-là, quelque chose clochait.
Un objet, posé au pied de la pierre tombale. Un téléphone.
Pas un smartphone. Un vieux modèle à touches, noir, poussiéreux. Personne ne l’avait laissé ici auparavant. Il n’y avait ni fleurs, ni message, ni explication. Juste ce téléphone, étrangement intact malgré la pluie.
Elle hésita. Puis tendit la main.
L’écran s’alluma immédiatement.
Une seule ligne :
« Pour Lesya »
Et un bouton vert : « Accepter ».
Elle appuya.
Et perdit connaissance.
Quand elle se réveilla, la nuit était tombée
Les pierres froides, l’humidité, l’odeur de terre mouillée… Elle était allongée sur le sol, seule. Aucun signe du téléphone. Aucun visiteur. Pas même un bruit. Tout était figé.
Elle mit quelques minutes à reprendre ses esprits. Mais une chose était claire : ce qu’elle avait vu – ou vécu – en appuyant sur ce bouton, avait déclenché quelque chose d’irréversible.
Ce n’était pas une hallucination. Ce téléphone, elle l’avait tenu dans ses mains. Et il l’avait appelée. Par son prénom. Comme s’il l’attendait.
Une rencontre étrange, des mois auparavant
Avant le drame, bien avant que la vie de Lesya ne bascule, une scène étrange s’était produite.
Elle sortait de son établissement, fatiguée, quand une voiture noire s’était arrêtée près d’elle. La vitre côté conducteur s’était abaissée.
— Mademoiselle ? Lesya ?
Elle s’était figée.
— Vous êtes… ?
— Je suis là pour vous. Montez, je vous raccompagne.
Elle aurait dû refuser. Elle le savait. Mais il y avait quelque chose dans sa voix. Dans son regard. Elle avait obéi, sans comprendre pourquoi.
Ils avaient roulé pendant des heures, sans but apparent. Il ne lui avait posé aucune question intime. Ne lui avait rien demandé. Puis l’avait déposée devant chez elle. Le lendemain, il n’était plus là.
Peu après, elle apprit qu’elle était enceinte.
Et quelques semaines plus tard, son fiancé mourait dans un accident aussi brutal qu’inexpliqué.
Le téléphone réapparaît
Quelques jours après l’épisode du cimetière, Lesya trouve un paquet dans sa boîte aux lettres. Aucun nom, aucun tampon. À l’intérieur : le même téléphone.
Éteint. Mais au dos, une phrase gravée dans le plastique :
« Souviens-toi du moment où tout a commencé »
Elle le rallume.
Cette fois, l’écran affiche une date et une heure :
14 novembre, 03h14 — l’heure exacte de la mort de son fiancé.
Et en dessous : des coordonnées GPS.
Elle hésite. Puis décide de s’y rendre.
Un lieu oublié, à la frontière de la ville
Les coordonnées mènent à une maison abandonnée, couverte de ronces. Personne n’y vit. Pourtant, la porte est entrouverte.
Dans le sous-sol, elle trouve des dossiers, des photos, des enregistrements. Des documents la concernant. Son nom, ses photos, même des images de son fiancé. Et parmi elles, l’homme qui l’avait conduite en voiture, des mois plus tôt. Présent, discret, toujours en arrière-plan.
Qui était-il ? Pourquoi avait-il ces dossiers ? Était-ce une surveillance ? Une protection ? Ou quelque chose de plus inquiétant encore ?
Une nouvelle vie, sous un autre nom
Lesya a quitté la ville. Sans prévenir personne. Elle vit désormais dans un village reculé, sous une nouvelle identité. Elle a donné naissance à un garçon. Il a les yeux d’un bleu profond. Les mêmes que celui de l’homme en voiture.
Elle garde le téléphone caché dans une boîte. Chaque nuit, à 03h14, elle l’allume. Rien ne se passe.
Mais elle sait.
Un jour, il sonnera à nouveau.
Pourquoi cette histoire fascine
Parce qu’elle parle d’une peur universelle — perdre ceux qu’on aime — et d’une intuition que beaucoup reconnaissent sans jamais pouvoir l’expliquer.
Un message écrit pour elle. Un homme qui savait. Des coordonnées secrètes. Des vérités inavouables. Et un enfant né au croisement de la coïncidence et du destin.
Les lecteurs s’interrogent :
« Était-ce une prédiction ? Une surveillance ? Ou une protection silencieuse ? »
« Est-elle vraiment seule ? »
« Et si ce téléphone n’était que le premier message d’une série ? »
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