
Je m’appelle Lucie. J’ai 34 ans, je suis mère célibataire d’un petit garçon de cinq ans, et je n’ai jamais cru aux phénomènes paranormaux. Je suis du genre rationnelle, les pieds sur terre, persuadée que tout peut s’expliquer : un courant d’air, une ombre portée, une fatigue passagère.
Mais ça, c’était avant.
Avant de déménager dans cet immeuble, à Lyon. Un quartier calme, un appartement lumineux, une chambre idéale pour mon fils Louis, et cette sensation rassurante d’un nouveau départ. Le premier soir, on a mangé une pizza assis sur des cartons. Louis riait, heureux. J’ai cru que la vie redevenait enfin normale.
Je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait.
Une silhouette figée dans l’obscurité
Le lendemain soir, alors que je fermais les volets du salon, mon regard s’est posé par hasard sur l’immeuble d’en face. Cinquième étage, appartement d’angle. Une silhouette était debout sur le balcon.
Un homme, grand, immobile, portant un long manteau sombre. Il semblait me regarder.
Pas un geste. Pas une cigarette. Pas de téléphone. Et surtout, aucune lumière allumée derrière lui.
Je me suis dit que c’était un voisin, peut-être un peu bizarre. Mais le soir suivant, il était à la même place. Même posture. Même heure.
Et les soirs d’après aussi.
« Cet appartement est vide »
Au bout d’une semaine, j’ai croisé le gardien, Marc, un homme discret d’une soixantaine d’années. Je lui ai demandé :
— L’appartement au cinquième, là, en face… Qui y habite ?
Il m’a lancé un regard étonné, presque méfiant.
— Celui du coin ? Il est vide depuis des années. Le propriétaire est mort en 2015. L’appartement est scellé.
J’ai insisté.
— Mais… il y a quelqu’un sur le balcon chaque soir. Je le vois. Il me regarde.
Marc a baissé les yeux.
— Vous n’êtes pas la première à dire ça.
Il se rapprochait
Chaque nuit, la silhouette réapparaissait. Mais peu à peu, elle se rapprochait.
Un soir, il n’était plus sur le balcon. Il se tenait juste derrière la vitre. Puis, quelques jours plus tard, à l’intérieur, dans l’obscurité. Toujours debout. Toujours fixe.
J’ai sorti mes jumelles. Et ce que j’ai vu m’a glacée.
L’homme n’avait pas de visage. Pas d’yeux, pas de bouche, pas de traits. Juste une surface lisse, pâle, sans expression. Comme un mannequin. Ou un cauchemar.

J’ai lâché les jumelles, refermé les volets. Je n’ai rien dit à Louis.
La preuve impossible
Ma meilleure amie, Camille, m’a conseillé de filmer. J’ai attendu qu’il apparaisse. Il était là, comme toujours. J’ai zoomé, j’ai parlé doucement pour commenter. Cinq bonnes minutes de vidéo.
Le lendemain, j’ai voulu revoir l’enregistrement.
Le balcon était vide.
Pas de silhouette. Pas d’ombre. Comme s’il n’avait jamais existé.
Ce que le gardien savait
Je suis retournée voir Marc. Il m’a regardée longuement, puis a parlé à voix basse :
— Une femme a vécu dans votre appartement, avant vous. En 2017, elle s’est pendue dans la salle de bains. Elle disait qu’un homme l’observait chaque nuit… depuis ce balcon.
Il a continué :
— Et en 2019, un adolescent du quartier a disparu dans le parc. Il avait dit à sa mère : « L’homme sans visage m’appelle. »
Je n’arrivais plus à respirer.
Louis l’a vu lui aussi
Cinq jours plus tard, mon fils m’a dit quelque chose que je n’oublierai jamais.
— Maman, pourquoi l’homme en noir me regarde par la fenêtre, la nuit ?
Je l’ai regardé, figée.
— Tu as rêvé, mon cœur ?
— Non. Il tape sur la vitre. Mais je fais semblant de dormir.
Cette nuit-là, j’ai dormi dans son lit.
À 3h14, j’ai ouvert les yeux. J’ai senti un froid glacial.
Et je l’ai vu.
Il était sur notre balcon.
Debout. Immobile. Les paumes collées contre la vitre. Aucun visage. Aucun son.
Je n’ai pas crié. Je n’ai pas bougé. Il est resté là, de longues secondes… puis a reculé lentement, jusqu’à disparaître dans le noir.
Depuis cette nuit
Je dors désormais dans le salon. Je cherche un autre logement. Louis ne parle presque plus.
Si tu penses que j’invente, je ne t’en veux pas.
Mais va à Lyon, dans le quartier Saint-Rambert. Devant l’immeuble C, cinquième étage, à 3h14 du matin.
Regarde bien le balcon d’angle.
Et ensuite, dis-moi ce que toi, tu as vu.
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