
La vie est une routine. Une succession de gestes automatiques que l’on répète jour après jour, sans même y penser. Parfois, on est tellement absorbé par le quotidien que l’on finit par s’oublier soi-même. C’est ainsi que 23 ans de mon mariage se sont écoulés – à m’occuper de mon mari, de mes enfants, de la maison, du travail… jusqu’à ce moment précis où j’ai levé les yeux et où tout a basculé.
Un instant de prise de conscience
C’était une journée comme les autres. Mon mari était au travail, mes enfants occupés à leurs affaires, et moi, comme toujours, je m’affairais à ranger la maison. Passer l’aspirateur, dépoussiérer, remettre chaque chose à sa place…
Puis, soudainement, je me suis arrêtée.
Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être était-ce la fatigue accumulée, ou peut-être que quelque chose en moi attendait depuis longtemps de se réveiller.
J’ai levé la tête et j’ai croisé mon reflet dans le miroir.
Et je me suis vue.
Mais ce n’était pas simplement mon reflet. C’était une femme que je ne reconnaissais pas.
La femme dans le miroir
J’ai vu une femme fatiguée. Ses yeux, autrefois remplis de rêves et d’ambition, semblaient éteints. Son teint était terne, ses lèvres ne souriaient plus sans raison. Ses cheveux, autrefois soigneusement coiffés, étaient attachés à la va-vite, non pas pour être jolie, mais simplement pour être pratique.
Je l’ai regardée longtemps.
Quand étais-je devenue cette femme ?
Il y a 23 ans, j’étais une toute autre personne. J’étais pleine d’énergie, de rires et de projets. J’imaginais une vie palpitante, remplie d’amour, de passion et d’aventures. Je croyais que le mariage serait une source de bonheur et d’épanouissement.
Mais, au fil des ans, tout a changé.
Comment je me suis perdue
Ce n’est pas arrivé du jour au lendemain. C’était progressif, insidieux.
J’ai mis mes rêves de côté, parce que la famille passait avant tout.
J’ai cessé de prendre soin de moi, parce que il y avait toujours quelque chose de plus important à faire.
J’ai arrêté de penser à ce que je voulais, parce que une bonne épouse et une bonne mère doit se sacrifier pour les siens.
Et ainsi, sans m’en rendre compte, je me suis effacée.
Mais cette femme dans le miroir me fixait avec intensité.
Où étais-je passée ? Où étaient mes envies ? Où était la femme qui voulait explorer, apprendre, essayer, vibrer ?
Un moment qui a tout changé
Cet instant n’a duré que quelques secondes, mais il a suffi à tout bouleverser.
Je ne pouvais plus continuer à vivre comme si je n’existais pas. Je ne pouvais pas simplement remettre le mode automatique et reprendre mes tâches ménagères, préparer le dîner, rayer une énième tâche de ma liste.
J’ai compris que je voulais vivre. Pas survivre, pas seulement exister pour les autres. Vivre.
Et ce jour-là, ma transformation a commencé.
Les premiers pas vers moi-même
Je n’ai pas tout chamboulé d’un coup. Je n’ai pas pris de décisions radicales du jour au lendemain. Mais j’ai commencé.
J’ai acheté une robe. Pas pour une occasion spéciale, pas pour plaire à quelqu’un. Juste une robe qui me plaisait, qui me faisait me sentir bien.
Je me suis inscrite à un cours. Depuis l’enfance, j’avais toujours rêvé de peindre, mais j’avais toujours pensé que c’était une perte de temps. Ce jour-là, j’ai décidé de commencer.
J’ai appris à dire «non». Non aux demandes qui me pesaient. Non aux obligations qui ne me rendaient pas heureuse. Non au rôle de femme sacrificielle qui s’était imposé à moi.
J’ai redécouvert qui j’étais. J’ai retrouvé mes vieux journaux, relu mes rêves d’adolescente, me suis rappelé ce qui m’animait avant de devenir simplement «maman» et «épouse».
Les réactions de mon entourage
Mon mari était surpris.
Mes enfants ont remarqué que quelque chose avait changé.
Mes amies m’ont demandé ce qui m’arrivait.

Certains ne comprenaient pas. Certains pensaient que je traversais une crise de la quarantaine. D’autres murmuraient que je devenais égoïste.
Mais j’ai continué.
Et pour la première fois en 23 ans, je me suis sentie vivante.
Les leçons que j’ai apprises
Une femme n’a pas à disparaître dans son rôle d’épouse et de mère. Aimer sa famille est essentiel, mais pas au prix de son propre effacement.
Une femme épanouie est une femme qui pense aussi à elle. Si l’on ne prend pas soin de soi, on ne peut pas donner du bonheur aux autres.
S’aimer soi-même n’est pas de l’égoïsme. C’est une nécessité. C’est l’énergie qui nous permet d’avancer.
Il n’est jamais trop tard pour se retrouver. Peu importe les années perdues, il est toujours possible de faire un pas vers soi-même.
Conclusion
Ce regard dans le miroir m’a changée à jamais. Il m’a rappelé que j’existe.
Et aujourd’hui, lorsque je me regarde, je ne vois plus une femme fatiguée et effacée.
Je vois moi. Une femme avec des envies, des projets, de la lumière dans les yeux.
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