Toujours à la même heure — midi pile.
J’ouvrais parfois les rideaux, et je la voyais là, immobile, les yeux fixés sur la caméra de ma sonnette.
Elle portait une petite robe blanche, ses cheveux bien tressés, et serrait dans ses bras un vieux ours en peluche.
Elle ne parlait jamais. Restait là une ou deux minutes, puis s’enfuyait sans un mot, disparaissant au coin de la rue.
Personne ne l’accompagnait. Aucun adulte, aucune voiture. Rien.
Au début, j’ai cru à un jeu d’enfant. Mais plus les jours passaient, plus une angoisse grandissait en moi.
Pourquoi venait-elle toujours ici ? Où étaient ses parents ?
Et surtout… pourquoi son regard semblait si triste ?
Un soir, incapable de supporter cette inquiétude, j’ai apporté les vidéos à la police.
Les officiers ont rapidement identifié la famille de la petite fille et ont convoqué sa mère au commissariat.
Quand la femme est entrée, un silence pesant a envahi la pièce. Elle avait le visage pâle, les traits tirés, les yeux éteints.
À la première question du policier — « Savez-vous où se trouve votre fille ? » — elle a blêmi.
Puis, d’une voix presque éteinte, elle a murmuré :

— Ce n’est pas possible… Ma fille est morte.
J’ai senti le sang se glacer dans mes veines.
— Non ! Ce n’est pas vrai ! Elle vient tous les jours chez moi ! Regardez la vidéo !
L’officier a lancé l’enregistrement. Sur l’écran, la fillette apparaît clairement : robe blanche, tresses parfaites, ours en peluche dans les bras.
Elle lève la main pour appuyer sur la sonnette — mais à ce moment-là, l’image se trouble.
Et soudain, elle disparaît.
L’air semblait s’être vidé d’oxygène.
La mère, tremblante, a reconnu la peluche :
— C’est celle qu’elle tenait le jour de l’accident… Nous ne l’avons jamais retrouvée.
Les larmes ont commencé à couler sur ses joues.
Je ne savais plus quoi dire. Rien de tout cela n’avait de sens.
Cette nuit-là, je n’ai pas fermé l’œil.
Chaque craquement de la maison me faisait sursauter.
Et quand l’horloge a sonné minuit, j’ai cru entendre des pas légers devant ma porte.
Des pas d’enfant.
Le lendemain, j’ai installé une nouvelle caméra dehors et j’ai décidé d’attendre.
Midi. Le soleil au zénith.
Et puis, soudain, elle est apparue.
La même petite fille.
Mais cette fois, son visage semblait presque transparent, son regard d’une tristesse infinie.
Elle ne s’est pas approchée du bouton.
Elle a juste tourné la tête vers la fenêtre, là où je me tenais.
Et j’ai entendu un murmure. Faible, comme un souffle dans le vent :
— Maman ne sait pas où est mon ours…
Puis elle s’est effacée. Littéralement.
J’ai ouvert la porte — personne.
Mais à mes pieds, un vieux ours en peluche gisait sur le paillasson.
Je l’ai apporté à la police.
Quand la mère l’a vu, elle s’est écroulée, serrant la peluche contre son cœur.
— C’est lui… C’est vraiment lui… Merci. Maintenant, elle peut reposer en paix.
Depuis ce jour, la fillette n’est jamais revenue.
Mais chaque midi, ma caméra s’allume toute seule, comme si une petite main invisible appuyait sur la sonnette.
Et parfois, quand le vent souffle doucement, j’entends ce murmure, tout près de ma porte :
« Je suis à la maison maintenant… »
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