
Svetlana menait une vie tranquille avec son fils Igor, seize ans. C’était un garçon discret, réservé, sans histoires. Depuis quelque temps, elle le voyait souvent dans le jardin, pelle à la main, retournant la terre jour après jour.
— Que fais-tu, mon chéri ? lui demanda-t-elle un soir.
— Rien, maman… je veux juste faire pousser des fleurs.
Ces mots la touchèrent profondément. Elle se réjouissait de voir son fils s’intéresser à quelque chose d’innocent. Elle lui acheta même des graines de pétunias et de soucis. Mais Igor ne s’y intéressa pas. Il continuait de creuser, toujours au même endroit, matin et soir, comme s’il cherchait quelque chose sous la terre.
Elle n’y prêta pas trop d’attention. Après tout, il était adolescent. Mais une nuit, tout bascula.
Le chien qui a tout révélé
Ce soir-là, la voisine promenait son doberman, Rex. C’était un animal docile, mais soudain, il s’arrêta net, grogna et tira violemment sur sa laisse, fonçant droit vers le jardin de Svetlana.
— Rex ! Arrête ! cria sa maîtresse, sans succès.
Le chien courut jusqu’à la plate-bande fraîchement retournée et se mit à gratter frénétiquement la terre. Svetlana accourut, paniquée :
— Non ! Laisse ça tranquille, mon fils cultive ici ses fleurs !
Mais Rex ne s’arrêtait plus. La terre volait partout. Et soudain, quelque chose d’obscur apparut : un sac en plastique noir. Le chien recula, aboyant d’une manière étrange, presque terrifiée.

Le voisin s’approcha, tira un peu le plastique… et devint livide.
— Svetlana… ne regarde pas, murmura-t-il.
Mais elle regarda. Et ce qu’elle vit lui glaça le sang : une main humaine dépassait du sac.
La vérité enfouie sous les fleurs
Les cris attirèrent tout le quartier. La police arriva, les gyrophares éclairant la maison d’une lumière bleue. On déterra le sac, et à l’intérieur — le corps d’un jeune homme, environ vingt-cinq ans, la tête ensanglantée.
Svetlana tremblait. Elle ne comprenait rien. Qui était cet homme ? Que faisait-il là ? Et surtout… où était Igor ?
Son téléphone restait éteint. Elle sentit une panique glaciale monter en elle.
Le lendemain matin, la police retrouva Igor à un arrêt de bus, les vêtements sales, le regard vide. On l’amena au commissariat.
— C’est toi qui as enterré cet homme ? lui demanda l’enquêteur.
Long silence. Puis, d’une voix à peine audible :
— Il voulait tuer ma mère. Je n’ai pas eu le choix.
Une défense tragique
Les jours suivants, la vérité éclata. Le mort était l’ancien compagnon de Svetlana — un homme violent, qu’elle avait quitté il y a plusieurs années. Récemment, il était revenu, exigeant de l’argent, menaçant de « régler ses comptes ».
Ce soir-là, il avait fait irruption dans la maison pendant que Svetlana était au travail. Igor avait essayé de s’interposer. La dispute avait dégénéré. Le jeune homme avait attrapé un morceau de tuyau métallique… et frappé. Une fois. Puis deux.
L’homme s’était effondré, sans vie.
Pris de panique, Igor avait traîné le corps dehors et l’avait enterré dans le jardin. Depuis ce jour, il revenait chaque soir, incapable d’oublier ce qu’il avait fait.
Svetlana, en apprenant la vérité, s’effondra. Son fils — son doux, timide garçon — était devenu un meurtrier. Mais en même temps, il l’avait sauvée.
Le prix du silence
Le procès fit grand bruit. Les journaux parlaient du « garçon protecteur », partagé entre la peur et la culpabilité. Les juges reconnurent la légitime défense, mais décidèrent de l’envoyer en centre psychiatrique pour traitement.
Svetlana lui rendait visite chaque semaine. Elle lui apportait des gâteaux, des livres, des photos du jardin.
Un jour, lors d’une promenade dans la cour de l’hôpital, Igor lui dit doucement :
— Maman… l’odeur de la terre, je ne peux pas l’oublier. Elle me suit partout.
Svetlana l’enlaça sans mot dire. Ses larmes tombaient sur son épaule, silencieusement.
Dans leur jardin, à la place du parterre maudit, elle fit poser une petite pierre blanche et planta un rosier. Le soir, quand le vent se lève, elle murmure :
— Que cette terre ne cache plus jamais aucun secret.
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