
Il ne croyait pas au surnaturel. Jusqu’à cette nuit.
Marc était un homme de science. Ingénieur. Cartésien. Rationnel. Il avait toujours eu des explications logiques pour tout. Même la mort soudaine de sa fille Léa, douze ans à peine, il l’avait acceptée comme une tragédie médicale. Arrêt cardiaque dans son sommeil. Aucun signe avant-coureur. Aucun adieu.
Mais le silence dans la maison après l’enterrement… n’avait rien de naturel.
Ses affaires étaient encore là. Ses dessins sur le frigo. Ses baskets dans l’entrée. Son téléphone vibrait parfois — sans raison, sans message. Et puis, il y a eu ce murmure. Léger. Lointain. Une nuit, en passant devant sa chambre, il aurait juré avoir entendu :
« Papa ? »
La pièce était vide. Mais le sentiment restait.
Une idée a alors germé. Absurde. Troublante. Mais impossible à chasser.
Marc a acheté une micro-caméra. Haute résolution, détection de mouvement. Et sans le dire à personne, il l’a placée dans le cercueil de Léa, discrètement, dissimulée dans le tissu intérieur. Il voulait une preuve. Une réponse. Même le néant était mieux que cette incertitude.
La caméra était reliée à son ordinateur. Elle n’enverrait d’alerte qu’en cas de mouvement.
Six nuits. Rien. Puis, à 3h17 du matin, la septième nuit…
ALERTE : mouvement détecté – Caméra 1
Marc a ouvert le fichier.
Au début, juste de l’obscurité. L’intérieur du cercueil. Aucune lumière, aucun bruit. Puis un frémissement. En bas à droite. Quelque chose bougeait. Lentement.
Des doigts.
Petits. Froids. Blafards. Qui touchaient la paroi. Trois petits coups.
Toc. Toc. Toc.
Puis une voix. Enrouée. Faible. Une voix qu’il aurait reconnue entre mille.
« Papa… tu m’entends ? »
Marc a reculé, la respiration coupée.
L’image a grésillé. Et puis… son visage est apparu. Les yeux ouverts. Elle le regardait. Directement dans la caméra.
« Il fait froid… Je ne suis pas seule. »

Puis tout s’est figé. L’écran est devenu noir.
Marc a revisionné la séquence en boucle. Aucune trace de montage. Métadonnées intactes. Analyse technique : pas de manipulation. Il ne comprenait plus rien. Il n’avait plus de repères.
Deux nuits plus tard, nouvelle alerte.
Cette fois, pas de voix. Mais une feuille, lentement glissée devant la caméra. Une page déchirée d’un de ses cahiers d’école. Dessus, écrit de sa main d’enfant :
« N’aie pas peur. Je t’attends. »
Marc a sombré.
La police l’a retrouvé au cimetière, en pleine nuit, en train de creuser la tombe. À mains nues. Les ongles en sang. Il répétait :
« Elle est là… Elle vit encore. Je dois la sortir. »
Il a été interné. Mais son ordinateur, resté allumé chez lui, a enregistré une dernière séquence.
La caméra s’est activée à 3h00 précises.
Léa. Son visage. Très proche de la lentille. Immobile. Puis elle a souri. Et elle a murmuré :
« C’est ton tour maintenant, papa. »
Le fichier a disparu des serveurs. Officiellement, il n’existe pas.
Mais certains disent qu’il circule encore…
Dans les profondeurs du web.
Et que ceux qui le regardent… ne dorment plus jamais en paix.
Tu veux le voir ?
Regarde. Mais souviens-toi :
elle te verra aussi.
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