
Ivan était pressé. Comme d’habitude. Directeur dans une agence de communication, il vivait selon l’horloge, chronométrant chaque trajet, chaque rendez-vous. Ce matin-là, une fine pluie tombait sur les rues de la ville, rendant les pavés glissants.
En retard pour une réunion cruciale, Ivan décida de prendre un raccourci à travers les petites ruelles du quartier. Il n’y avait presque personne. Il pouvait gagner dix minutes. C’était suffisant.
Le téléphone vibra. Encore un message.
Ivan jeta un coup d’œil rapide au siège passager. Son téléphone était coincé sous sa veste. Il détourna les yeux de la route une seconde. Une seule.
Et ce fut la seconde de trop.
Le choc
Un bruit sourd. Les freins crissèrent. Le cœur d’Ivan manqua un battement.
Il descendit précipitamment. Là, devant le capot de sa voiture, une petite fille gisait sur le sol mouillé. Cinq ou six ans. Silencieuse. Immobile.
Pas de sang. Mais aucun mouvement.
Ivan se précipita vers elle, l’attrapa délicatement. Elle était légère comme une plume. Il l’installa à l’arrière de la voiture, tremblant de peur.
Allait-il aller à l’hôpital ? Appeler la police ? Et s’il était trop tard ?
Mais au moment où il fermait la portière, elle ouvrit lentement les yeux.
Le geste
La petite fille ne pleurait pas. Elle ne criait pas. Elle le regardait. Fixement.
Puis, sans dire un mot, elle fouilla dans la poche de son manteau et en sortit un petit objet enveloppé dans un papier jauni.
Elle le tendit à Ivan.
Il le prit, les mains tremblantes. C’était un médaillon. Ancien. Usé. Il l’ouvrit.
À l’intérieur : une photo. Deux garçons. Et l’un d’eux, c’était lui.
Et l’autre… c’était son frère. Disparu depuis plus de vingt ans.
Une disparition jamais expliquée
Ivan sentit ses jambes faiblir.
Son frère, Alexandre, avait disparu quand il avait treize ans. Une fugue ? Un enlèvement ? Personne ne savait. La police avait classé l’affaire. Ses parents avaient sombré dans le désespoir.

Mais Ivan n’avait jamais oublié.
Et maintenant, cette enfant avait entre les mains un objet que seule la famille connaissait. Un objet qui avait disparu le jour même de la disparition de son frère.
Il se pencha vers la fillette.
— Où as-tu eu ça ?
Elle le regarda.
— C’est lui qui me l’a donné. Il m’a dit de te le remettre.
Le pont
Ivan n’alla pas à sa réunion. Il roula sans but pendant une heure, avec la fillette assise à l’arrière.
Elle s’appelait Maya.
Elle raconta. Un homme vivait sous un vieux pont, près des rails. Un homme silencieux. Gentil. Qui lui donnait à manger quand elle avait faim. C’est lui qui lui avait donné le médaillon.
Et il lui avait dit :
— Trouve Ivan. Il saura quoi faire.
Ivan s’arrêta net.
Le pont. Le vieux pont abandonné, celui où il allait jouer enfant avec son frère. Était-il possible ?
Les retrouvailles
Ivan s’y rendit. Le cœur battant. Il ne savait pas ce qu’il espérait.
Mais il trouva des signes. Des traces. Une couverture. Des conserves vides. Une phrase gravée dans la pierre :
«Je ne suis jamais parti. Je t’ai protégé de loin.»
C’était l’écriture d’Alexandre. Il en était certain.
Un mystère révélé
Dans les jours qui suivirent, Ivan revint chaque soir. Et une nuit, il vit une silhouette, assise sur le rebord du pont.
Barbe grise. Yeux fatigués. Mais c’était lui. Alexandre.
Les deux frères restèrent silencieux un long moment.
— Pourquoi ? demanda enfin Ivan.
— J’ai vu quelque chose que je n’aurais jamais dû voir, répondit Alexandre. J’étais en danger. Vous aussi. J’ai dû disparaître.
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