À quoi cela pouvait-il bien servir ? Mon esprit s’est emballé, imaginant le pire… Mais la vérité m’a laissé sans voix.
Ce petit cylindre de métal, froid et lourd, semblait anodin au premier regard. Pourtant, quelque chose dans la façon dont ma mère le tenait, comme si elle portait une bombe prête à exploser, me glaça jusqu’aux os.
— Tu savais qu’il gardait ça ? — me demanda-t-elle d’une voix tremblante, presque méconnaissable.
Je secouai la tête. Non. Je n’avais jamais rien su. Mon père avait toujours été un homme discret, peut-être trop discret. Mais de là à cacher un objet pareil…
Ma mère le posa sur la table, entre nous deux, comme une preuve accablante dans une affaire criminelle. La lumière de la lampe se reflétait sur le métal, révélant de petites rayures, comme si l’objet avait été utilisé à plusieurs reprises. Ou manipulé nerveusement. Ou… autre chose.
Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression que ma poitrine allait éclater.
— Tu crois que… — commençai-je.
Mais ma mère m’interrompit, ses doigts serrés sur le bord de la table :
— Je ne veux pas y croire. Mais pourquoi l’aurait-il caché, s’il n’avait rien à se reprocher ?
C’était la question qui nous déchirait toutes les deux.
Je pris l’objet dans ma main. Il était plus lourd que je ne l’aurais imaginé. Une sorte de mécanisme interne vibrait légèrement quand on le manipulait. Et puis je vis… un détail qui me fit frissonner. Une inscription minuscule, presque effacée, comme s’il avait tenté de la gratter pour la rendre illisible.
Une date.
Une date qui, étrangement, me disait quelque chose.
14 septembre.

Je fouillai dans ma mémoire. Pourquoi cette date semblait-elle familière ? Et soudain, un souvenir refoulé refit surface, comme un coup de tonnerre : c’était le jour où mon père avait disparu pendant plusieurs heures sans donner aucune explication. Il était rentré tard, nerveux, les mains tremblantes, prétendant qu’il avait “eu une urgence au travail”.
Ce soir-là, ma mère avait pleuré. Moi, j’avais fait semblant de ne rien voir.
À présent, ce soir prenait un tout autre sens.
— Je vais l’ouvrir, dis-je d’une voix que je ne reconnaissais pas moi-même.
Ma mère voulut protester, mais trop tard… Le mécanisme céda brusquement.
Un clic sec.
Puis un bruit sourd.
Et l’objet se divisa lentement en deux, révélant un espace caché à l’intérieur.
Ce que j’y trouvai… me coupa littéralement le souffle.
Une photographie. Froissée, tachée, mais encore lisible.
Et sur cette photographie, mon père. Mais pas seul.
Il tenait par l’épaule une femme que ni ma mère ni moi n’avions jamais vue. Mais ce n’était pas ce qui nous choqua le plus.
Ce qui nous paralysa, ce fut l’endroit où la photo avait été prise.
Un lieu que mon père avait juré ne plus jamais approcher. Un lieu que nous pensions appartenir au passé, un passé qu’il avait soigneusement enterré.
Le vieux hangar abandonné près du port.
Celui où… tout avait commencé.
Mes mains tremblaient. Ma mère s’était couverte la bouche, comme pour étouffer un cri.
Je sentais la pièce tourner autour de moi, et un seul mot résonnait dans ma tête :
Pourquoi ?
Pourquoi y retourner ? Pourquoi cacher cette photo ? Qui était cette femme ? Et surtout… pourquoi cette date ?
Je retournai la photographie. Au dos, un message griffonné à la hâte, presque illisible :
“On en finit ce soir. Pas d’erreur. Pas comme la dernière fois.”
Mon sang se glaça.
La dernière fois ?
Qu’est-ce qu’il s’était passé “la dernière fois” ?
Et qu’était-il censé “finir” ce soir-là ?
Avais-je vraiment envie de le savoir ?
Ma mère, blême, souffla :
— Ton père nous a menti… pendant des années.
Et à cet instant précis, tout s’effondra. Notre famille, nos certitudes, notre confiance aveugle… tout.
Nous pensions connaître cet homme. Mais l’objet trouvé dans son tiroir venait de révéler une facette de lui que nous n’aurions jamais imaginée.
Une facette sombre.
Une facette dangereuse.
Une facette… qui n’aurait jamais dû sortir de l’ombre.
Et pourtant, ce n’était que le début.
Car au fond de ce tiroir, sous un vieux carnet et quelques reçus, un autre objet attendait encore. Plus petit. Plus discret. Mais infiniment plus effrayant.
Un objet qui allait tout changer — à jamais.
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