Il avait pleuré sa femme morte pendant cinq longues années. Cinq années de silence, de souvenirs, de solitude.


Il avait pleuré sa femme morte pendant cinq longues années. Cinq années de silence, de souvenirs, de solitude. Chaque matin, il se réveillait avec ce poids invisible sur la poitrine, chaque soir il s’endormait en pensant à elle — à celle qui avait été sa lumière, sa force, son souffle. Son existence s’était divisée en deux : avant et après.

Il avait ses rituels : le café bu dans la cuisine vide, la marche lente sur les mêmes trottoirs, et surtout la visite quotidienne au cimetière, là où il déposait des fleurs — toujours les mêmes, celles qu’elle aimait. C’était sa façon de ne pas la laisser partir tout à fait.

Mais ce matin-là, quelque chose était différent.
Il s’était levé, avait préparé son café, pris le bouquet frais et s’était rendu au cimetière. Le vent soufflait fort, emportant les feuilles mortes, et lui, debout devant la tombe, murmura ses mots habituels d’amour avant de déposer les fleurs. Il quitta l’endroit sans se retourner.

De retour chez lui, il ressentit un léger malaise, un pressentiment qu’il chassa d’un geste. La journée s’étira lentement, jusqu’à ce qu’il se lève pour aller boire un verre d’eau. En ouvrant la porte de la cuisine, il se figea.

Sur la table, la même vase.
Les mêmes fleurs.
Celles qu’il avait laissées sur la tombe quelques heures plus tôt.

Il recula d’un pas, incapable de comprendre. Ses mains tremblaient, son souffle se fit court. Les pétales, encore humides de rosée, semblaient le regarder. La vase était à la même place où elle la posait jadis, au centre exact de la table.
C’était impossible.
Et pourtant… c’était là.

Il s’assit lentement, le regard fixé sur ces couleurs tendres, ce parfum qu’il connaissait si bien.
Elle disait toujours : « Tant que les fleurs respirent, je ne suis pas vraiment partie. »
Ces mots lui revinrent comme un écho venu d’un autre monde.

Était-ce une plaisanterie cruelle ? Une hallucination ? Qui aurait pu lui faire ça ? Personne ne connaissait son rituel. Personne. Ce secret appartenait à lui seul — à eux deux.

L’air dans la pièce changea soudain. Une odeur… douce, familière. Son parfum. Celui qu’il n’avait plus senti depuis cinq ans.
« Marie ? » murmura-t-il.

Un craquement retentit dans la maison. Il se tourna brusquement.
Les portes de la chambre s’étaient ouvertes toutes seules.

Son cœur battait à tout rompre. Il avança lentement. Tout était resté comme avant : l’écharpe jetée sur le fauteuil, le livre sur la table de nuit, la photo près du miroir. Mais sur l’oreiller… une rose.
Une rose fraîche. La même que celle du matin.

Il tomba à genoux, le souffle coupé.
Lorsqu’il effleura les pétales, un murmure traversa la pièce.
Il leva les yeux et vit une silhouette. Floue, fragile, féminine.
Elle se tenait dans l’ombre de la porte.

« Marie… »
Le fantôme esquissa un sourire.

Il sentit les larmes lui brûler les joues.
Ce n’était ni peur ni folie — c’était une certitude.
Elle n’était jamais vraiment partie.
Elle était revenue.

Depuis ce jour, il ne craignit plus la solitude. Chaque matin, il déposait de nouvelles fleurs, mais cette fois, chez lui.
Et le soir, quand la maison s’endormait, il lui semblait entendre un souffle, un rire doux, comme si elle passait tout près de lui.

Les voisins disaient parfois qu’une étrange odeur de roses flottait devant ses fenêtres la nuit.
Et certains juraient avoir entendu une voix féminine chanter, juste avant l’aube…

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