
Lorsque Camille Lemoine a publié une photo de famille sur son profil, elle pensait simplement partager un souvenir d’un dimanche paisible. Sur l’image, on la voyait debout avec son mari Julien, leur fils de neuf ans, et leur labrador, devant leur maison de campagne située en bordure de forêt, dans l’Yonne. Il faisait beau, les visages étaient souriants, et l’instant semblait parfaitement banal.
Mais deux heures après la publication, elle a reçu un message d’un ancien camarade de fac qu’elle n’avait pas vu depuis des années.
« Tu as vu ce qu’il y a en haut à gauche de la photo ? »
Intriguée, Camille ouvrit la photo sur son téléphone et zooma dans le coin supérieur gauche, là où les arbres formaient une zone d’ombre entre les feuillages. Et soudain… elle sentit son estomac se nouer.
Dans la pénombre des branches, entre deux troncs, on distinguait un visage.
Pas un reflet. Pas une illusion. Un visage humain. Les yeux écarquillés, fixes, rivés droit sur l’objectif. La peau pâle. Immobile. Caché juste assez pour passer inaperçu… mais suffisamment visible pour glacer le sang.
Elle appela immédiatement Julien.
— Tu es sûr qu’on était seuls quand tu as pris cette photo ?
Il haussa les épaules.
— Évidemment. Il n’y avait que nous. Pourquoi ?
Elle lui montra le visage dans l’arbre. Il pâlit. Et ne répondit rien.
Ils décidèrent de retourner dans les bois le soir-même, lampe torche en main. Ils ne trouvèrent rien — pas de traces de pas, pas de restes de feu, aucune présence. Mais cette nuit-là, ni Camille ni Julien ne purent fermer l’œil.
Le lendemain, Camille supprima la photo. Mais c’était trop tard. Quelqu’un avait déjà pris une capture d’écran et partagé l’image sur un groupe Facebook local.
« Regardez cette photo de famille : vous voyez l’homme caché dans les arbres ? »
Le post devint viral en quelques heures. Des milliers de personnes le partagèrent. Certains criaient à la supercherie, d’autres étaient persuadés qu’il s’agissait d’un rôdeur, voire d’un être « pas humain ». Les forums se remplissaient d’analyses d’images, de contrastes modifiés, de spéculations étranges.

Et puis un message attira l’attention de tous. Écrit par un ancien garde forestier à la retraite :
« Ce n’est pas la première fois qu’on voit ce genre de choses dans cette forêt. Il y a toujours eu des rumeurs. Certains disent qu’“il” vit là, qu’il observe, mais ne s’approche jamais. Moi, je l’ai vu une fois. Je n’ai plus jamais mis les pieds dans ces bois après ça. »
Des vidéastes amateurs décidèrent de mener l’enquête. Ils filmèrent leurs expéditions, explorèrent la zone où la photo avait été prise. Une nuit, ils découvrirent une cabane de fortune, des objets rouillés, une corde suspendue à un arbre, et… un miroir accroché à une branche à hauteur d’homme.
Mais aucun signe de vie.
La gendarmerie, contactée à plusieurs reprises, répondit qu’aucun délit n’avait été commis. Qu’il s’agissait sûrement d’un vagabond ou d’un campeur sauvage. Affaire classée.
Pourtant, plusieurs habitants de la région commencèrent à témoigner. Des animaux domestiques qui refusaient d’approcher la lisière. Des lumières au fond des bois, visibles depuis les fenêtres. Des bruits étranges la nuit, comme des pas sur les feuilles mortes.
Un expert en traitement d’images a été invité dans une émission télévisée :
« Ce que je peux affirmer, c’est que la photo n’a pas été retouchée. Le visage est bien là. Il ne s’agit ni d’un reflet ni d’un effet de montage. »
Camille et Julien ont mis leur maison de campagne en vente. Ils n’y sont jamais retournés.
Plusieurs mois plus tard, dans une interview écrite, Camille déclara :
« Ce qui m’a le plus effrayée… ce n’est pas que cette chose soit apparue sur la photo.
C’est qu’on ne l’a pas entendue, pas vue, pas sentie.
Elle était là. En silence. À quelques mètres de nous.
Et on aurait pu ne jamais le savoir. »
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