La famille, les amis, les proches — tous étaient venus faire leurs adieux à la jeune femme décédée de manière soudaine. Quelques jours seulement de fièvre intense, de migraines, d’épuisement, puis un brusque arrêt du cœur. Les médecins avaient parlé d’une inflammation cérébrale rare, fulgurante. Rien n’avait pu la ramener.
Dans le cercueil, elle paraissait étrangement paisible. Son visage semblait endormi, ses mains croisées délicatement sur sa poitrine, comme si elle reposait dans un sommeil profond dont aucun cri ne pourrait la tirer. Sa mère se tenait au-dessus d’elle, incapable de détourner les yeux. Ses larmes coulaient sans fin, silencieuses, brûlantes, implacables.
Soudain, son chagrin éclata en un sanglot aigu, presque sauvage.
— Enterrez-moi avec elle ! — hurla-t-elle, la voix brisée par la souffrance. — Je ne peux pas vivre sans ma fille ! Je ne veux plus respirer dans un monde où elle n’existe plus !
Le père l’enlaça, tremblant lui aussi. Ses traits étaient tirés, son regard éteint. Les proches s’approchaient tour à tour, cherchant des mots de réconfort qui se perdaient dans l’immensité du désespoir.
Et puis… quelque chose changea.
La mère s’immobilisa d’un coup. Son cri se figea dans l’air. Elle se pencha brusquement vers le visage de sa fille, plissa les yeux, comme si elle avait aperçu l’impossible. Sa main se mit à trembler.
— Attendez… — murmura-t-elle. — J’ai vu… j’ai vu un mouvement.

Les premiers instants, personne ne la prit au sérieux. Le chagrin peut créer des illusions, et tous le savaient. Mais une seconde plus tard, un son ténu résonna dans la salle. Un souffle à peine audible. Ou peut-être un frémissement de tissu.
Une femme proche de la mère recula d’un pas, blanche comme un drap. Deux jeunes garçons laissèrent tomber les fleurs qu’ils tenaient. L’atmosphère se chargea d’une tension glaciale, presque électrique.
Le père se pencha à son tour. Son regard se posa sur la gorge pâle de leur fille… et il devint livide. Sous la peau, un léger tressaillement avait été visible. Puis les lèvres de la jeune femme frémirent. Un mouvement si subtil qu’on aurait pu le croire inventé — si tous ne l’avaient pas vu.
— Ce n’est pas possible… — balbutia le père. — C’est… irréel…
Mais la terreur et l’espoir se propageaient déjà dans la pièce. Quelqu’un se mit à prier à voix basse, d’autres reculaient, certains pleuraient de stupeur. Plus personne n’osait respirer.
La mère posa sa main sur le front de sa fille.
Un sursaut la parcourut.
La peau n’était pas glacée comme celle d’un corps mort. Elle restait froide, mais une étrange chaleur pulsait faiblement sous ses doigts. Comme si quelque chose — quelque force venue d’ailleurs — tentait de ramener ce corps au monde des vivants.
— Je vous l’ai dit ! — cria-t-elle. — Elle revient ! Elle n’est pas partie ! Elle m’entend !
L’agitation devint panique. On courut chercher les médecins, on ouvrit les portes, on criait des ordres incohérents. D’autres restaient paralysés, comme s’ils assistaient à un phénomène qu’aucune raison ne pouvait expliquer.
Les médecins arrivèrent en urgence. L’un d’eux se précipita vers le cercueil et écouta, observa, palpa. Son expression changea du scepticisme à la stupeur, puis à quelque chose qui ressemblait à la peur.
— Qui a signé le certificat de décès ? — demanda-t-il d’une voix tendue. — Ce que je vois là… ne correspond pas à un corps sans vie.
Il n’eut pas le temps d’en dire davantage.
La poitrine de la jeune femme se souleva.
Faiblement. Lentement. Mais indéniablement.
Un souffle. Un vrai souffle.
La salle explosa en cris. Certains s’enfuirent vers la sortie, comme si la mort elle-même venait de changer de visage. La mère s’effondra à genoux, tenant la main de sa fille.
Et cette main… se contracta.
Un minuscule geste. Mais il rasa toute certitude, tout rationnel. Le père se couvrit la bouche des deux mains. Les médecins se regardèrent, incapables de comprendre ce phénomène.
Les paupières de la jeune femme frémirent. Puis s’ouvrirent… un instant seulement.
Un regard d’un noir profond, dilaté, perdu, traversé par une terreur que personne ne pouvait interpréter.
— Amenez le moniteur ! — cria un médecin. — Si elle est vivante, chaque seconde compte !
Mais la jeune femme fit quelque chose avant même que les appareils soient installés.
Un son rauque, étouffé s’échappa de sa gorge.
Un murmure brisé, comme le premier mot d’une âme revenue d’un endroit où aucun vivant n’a jamais marché.
Un son qui fit frissonner toute la salle.
Car à ce moment précis, chacun comprit une vérité glaçante :
Elle n’était pas seulement revenue à la vie.
Elle était revenue avec quelque chose.
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