MON GENDRE ME FIXE CONSTAMMENT PENDANT LES DÎNERS DE FAMILLE. QUAND JE LUI AI DEMANDÉ POURQUOI, SA RÉPONSE M’A LAISSÉ SANS VOIX. Ai-je fait quelque chose de mal ?


Tout a commencé un soir ordinaire, lors d’un dîner de famille comme tant d’autres. Les conversations se mêlaient aux rires des enfants, l’odeur du plat principal emplissait la salle à manger, et chacun semblait plongé dans une atmosphère chaleureuse et familière. Pourtant, derrière cette normalité apparente, quelque chose clochait. Quelque chose que je m’efforçais, peut-être inconsciemment, de ne pas remarquer.

Depuis plusieurs semaines, j’avais l’étrange impression que mon gendre me regardait… trop attentivement. Pas ces regards furtifs qu’on lance par hasard, ni ceux qu’on détourne aussitôt. Non. Son regard insistait, me traversait presque, comme s’il cherchait quelque chose dans mon expression, dans mes gestes, dans ma façon d’être. Au début, j’ai cru que je me faisais des idées. On a tous nos moments de fatigue, nos jours de paranoïa légère. Mais plus le temps passait, plus ses yeux semblaient accrochés à moi.

Chaque dîner répétait le même scénario : discussions, éclats de rire, et quelque part, de l’autre côté de la table, ces yeux posés sur moi. Je tentais de l’ignorer, mais cette sensation de malaise ne faisait que grandir. Était-ce un reproche silencieux ? Un jugement ? Ou quelque chose de bien plus étrange ?

Ce soir-là, je n’en pouvais plus. Entre deux phrases, j’ai déposé calmement mes couverts sur la table et j’ai tourné la tête vers lui. Il me fixait encore. Cette fois, je n’ai pas détourné les yeux.

— Tu veux dire quelque chose ? ai-je demandé d’une voix plus calme que je ne l’aurais cru. J’ai fait quelque chose de mal ?

Le silence s’est abattu sur la pièce. Même les enfants ont cessé de discuter. Ma fille, assise à côté de lui, le regardait, perplexe. Et lui… lui ne bougeait pas. Il semblait hésiter, comme si ses mots risquaient d’exploser au moindre souffle.

Enfin, il a pris une inspiration tremblante.

— Ce n’est pas vous, murmura-t-il. C’est juste que… vous ressemblez à quelqu’un que je n’ai jamais réussi à oublier.

Je suis resté interdit. Ressembler à quelqu’un ? Et alors ? Nous avons tous des sosies sur cette planète. Mais son regard… son regard n’exprimait ni surprise ni amusement. Il était rempli d’une peur ancienne, presque viscérale.

— À qui ? ai-je insisté, la gorge serrée.

Il a baissé les yeux une seconde, avant de les relever, brillants d’une émotion que je n’avais jamais vue en lui.

— À l’homme qui a détruit ma famille, dit-il doucement. Celui qui a tout brisé, puis disparu. J’ai grandi avec son absence… et avec la terreur de le revoir un jour. Et quand je vous regarde… j’ai l’impression de revoir cet homme. Même manière de parler. Même regard. Même gestes.

Un frisson glacé a traversé la pièce.
Je ne savais plus quoi dire. Une part de moi voulait rire, balayer cette idée absurde. Mais une autre part… une part enfouie plus profondément… ressentit un trouble inexplicable. Ses mots avaient réveillé une sensation étrange, presque familière, comme un souvenir trop lointain pour être clair, mais trop vif pour être ignoré.

Je ne retrouvais aucune image dans ma mémoire, aucun lien avec ce passé qu’il évoquait. Pourtant quelque chose résonnait. Était-ce simplement la puissance de son récit ? Ou y avait-il une vérité que je refusais de voir ?

Le dîner s’est poursuivi, mais plus rien n’était comme avant. Ses yeux ne me quittaient toujours pas, mais cette fois, ce n’était plus seulement de la peur que j’y percevais. C’était aussi un besoin désespéré de comprendre.

Et depuis ce soir-là, une question me hante :
est-ce vraiment moi qu’il voit… ou l’ombre d’un homme dont l’histoire n’a, peut-être, jamais cessé de me suivre ?

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