Ivan Sergeevich, un homme âgé au port aristocratique et aux yeux gris froids, tenait soigneusement la main d’Anna.


Ivan Sergeevich, un homme âgé au port aristocratique et aux yeux gris froids, tenait soigneusement la main d’Anna. Son costume coûteux et sa démarche assurée trahissaient un homme habitué à obtenir tout ce qu’il voulait. Mais sous cette façade glaciale se cachait un mystère qu’Anna, jeune étudiante sans le sou, n’aurait jamais pu imaginer.

Leur mariage avait fait parler tout le quartier. Une étudiante de vingt ans, sans famille, sans fortune, épousant un riche retraité de soixante ans ? Certains chuchotaient qu’elle le faisait pour l’argent. D’autres, plus cruels encore, disaient qu’il l’avait « achetée ». Mais Anna, malgré les regards accusateurs, avait une raison bien plus profonde d’accepter cette union.

Le soir des noces, dans la vaste chambre du manoir d’Ivan, l’atmosphère était étrange. Les bougies tremblaient, projetant sur les murs les ombres des portraits d’ancêtres oubliés. Anna tremblait — pas de peur, mais d’incompréhension. Ivan s’approcha lentement, posa un verre de vin sur la table et dit d’une voix basse, presque suppliante :

— Anna… J’ai besoin que tu me promettes une chose.

Elle le regarda, surprise. Ses yeux, d’un gris presque métallique, semblaient percer son âme.

— Quoi donc ? murmura-t-elle.

Il inspira profondément, puis prononça une phrase qu’elle n’oublierait jamais :

— Ne dors jamais dans la chambre du fond… peu importe ce que tu entends la nuit.

Un frisson la parcourut. Était-ce une plaisanterie ? Une superstition de vieil homme ? Mais il avait dit cela avec une telle gravité que toute envie de rire lui passa.

Les premiers jours, la vie dans le manoir était paisible. Ivan se montrait attentionné, galant, presque tendre. Pourtant, chaque nuit, aux alentours de minuit, Anna entendait un bruit venant de la fameuse chambre du fond — un gémissement, parfois un rire, parfois un murmure d’homme. Elle tentait de se convaincre que ce n’était qu’un courant d’air, mais la curiosité la dévorait.

Une nuit, incapable de résister, elle prit une bougie et s’avança vers la porte interdite. Le couloir semblait plus long que d’habitude. Son cœur battait à tout rompre. Lorsqu’elle posa la main sur la poignée, un froid glacial traversa son bras. Elle ouvrit lentement.

À l’intérieur, la chambre semblait intacte… sauf pour un détail : un grand miroir ancien occupait tout le mur du fond. Dans la lueur vacillante de la flamme, Anna distingua soudain une silhouette — celle d’une jeune femme en robe de mariée. Son visage était pâle, ses yeux vides. Anna voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Et derrière elle, une voix, froide et tremblante, murmura :

— Je t’avais dit de ne pas venir ici…

Ivan se tenait sur le seuil, livide. Des larmes roulaient sur ses joues. Il s’approcha du miroir, posa la main dessus… et la surface vibra comme de l’eau.

— C’était ma femme… Elle est morte ici, la veille de nos noces, il y a trente ans. Depuis, elle ne me laisse pas en paix.

Anna recula, horrifiée. Le vieil homme s’effondra à genoux.

— J’ai cru qu’en t’épousant, je pourrais l’oublier, dit-il dans un sanglot. Mais elle est revenue… à travers toi.

Soudain, la flamme de la bougie s’éteignit. Dans l’obscurité, Anna sentit une main glacée se poser sur son épaule. Et cette fois, ce n’était pas celle d’Ivan.

Le lendemain matin, les domestiques retrouvèrent la chambre vide. Ni Ivan, ni Anna n’étaient là. Seul le miroir restait, fendu en deux, comme une plaie béante. Et dans le reflet, on jurerait encore apercevoir une silhouette féminine… tenant la main d’un vieil homme aux yeux gris.

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