Le silence tomba comme une chape de plomb lorsque le marié leva lentement le voile de sa future épouse.


Dans l’église, on n’entendait plus que le battement régulier des bougies et le souffle suspendu des invités. Les fleurs blanches exhalaient un parfum sucré, la lumière du soir filtrait à travers les vitraux, donnant à la scène une beauté irréelle. Tout semblait parfait… jusqu’à ce moment.

Le marié tremblait légèrement. Il avait rêvé de cet instant depuis des années — celui où il verrait enfin le visage de la femme qu’il aimait plus que tout. Le prêtre venait de prononcer les dernières paroles, la musique s’était tue. Lentement, il leva les mains et souleva la dentelle blanche du voile.

Mais ce qu’il vit lui glaça le sang.

Sous le voile ne se trouvait pas le doux visage de sa bien-aimée. Ce qu’il découvrit semblait sorti d’un cauchemar. Le teint était livide, les yeux vides, les lèvres bleuâtres. Sur la joue gauche, une profonde cicatrice serpentait jusqu’au cou. On aurait dit un masque de cire, sans trace de vie.

Il recula d’un pas, le cœur battant à tout rompre. Autour de lui, des murmures étouffés s’élevèrent. Une femme cria, le prêtre fit tomber son livre. La mariée resta immobile, figée, un léger sourire déformant ses lèvres.

— Qu’est-ce que… qu’est-ce que c’est que ça ? — balbutia le marié.

Et soudain, elle leva les yeux vers lui. Son regard, noir et glacé, sembla percer son âme.
Puis un rire — bas, métallique, inhumain — résonna sous les voûtes.

— Tu ne me reconnais pas ? — dit-elle d’une voix rauque.

Ce n’était pas la voix de sa fiancée.
C’était une voix qu’il croyait ne plus jamais entendre. Celle d’Élodie, sa première fiancée… morte deux ans plus tôt dans un terrible accident de voiture, à une semaine de leur mariage.

Le marié blêmit. Des images lui traversèrent l’esprit : la voiture en feu, les cris, le sang, la robe blanche couverte de cendres. Il crut devenir fou.

— Non… ce n’est pas possible…

La mariée leva alors la main. Sur son doigt brillait une bague gravée : 12 juin 2023 — la date du mariage annulé après la mort d’Élodie.

— Tu avais promis de m’aimer pour toujours, murmura-t-elle. Je suis revenue… pour te rappeler ta promesse.

Un frisson parcourut toute l’assemblée. Les bougies vacillèrent. Puis, d’un seul coup, elles s’éteignirent. Un vent froid traversa la nef, suivi d’un cri déchirant. Des invités s’enfuirent, d’autres s’évanouirent. Et au milieu du chaos, la mariée s’avança vers l’autel.

— Aujourd’hui, nous serons enfin unis, pour l’éternité, — dit-elle d’une voix qui n’était plus humaine.

Une flamme jaillit soudain du voile. En quelques secondes, la robe prit feu. Les gens hurlèrent, les vitraux explosèrent sous la chaleur. Quand les pompiers arrivèrent, l’église brûlait déjà entièrement. On ne retrouva ni le corps du marié, ni celui de la mariée.
Seulement un anneau d’or fondu, posé sur les marches de l’autel.

Quelques jours plus tard, le photographe qui couvrait la cérémonie développa ses clichés. Sur les premières photos, la mariée apparaissait normale, souriante. Mais plus il avançait, plus son visage devenait flou, comme effacé. Et sur la dernière image — celle où le marié soulève le voile — on distinguait deux silhouettes :
celle du marié… et une autre, à moitié transparente, portant une robe brûlée et un regard vide.

Les experts confirmèrent : aucune manipulation, aucun montage. Une anomalie énergétique, disaient-ils. « Ce genre d’image n’apparaît que lorsqu’un esprit tente de franchir la frontière entre les morts et les vivants », conclut l’un d’eux.

Depuis ce jour, l’église est restée abandonnée. Personne n’ose y entrer. Les habitants racontent qu’à chaque 12 juin, à la même heure, on entend résonner le carillon du mariage… suivi d’un rire de femme résonnant dans le vide.

Et certains jurent avoir aperçu, à travers les vitraux brisés, une silhouette en robe blanche, tenant une bague dans la main… attendant que quelqu’un ose lever son voile une fois encore.

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