
Ni mari, ni amis – personne n’avait appelé, personne ne s’était excusé. Lorsque le médecin nota l’heure du décès, l’infirmière me remit sa dernière lettre. À l’intérieur se trouvaient des noms, une clé rouillée et une consigne qui glaçait le sang…
La chambre de l’hôpital baignait dans une lumière blanche, presque cruelle. Les machines émettaient des bips monotones, comme un compte à rebours impitoyable. Je serrais la main froide et tremblante de ma belle-mère, tentant de lui transmettre un peu de chaleur humaine, mais ses doigts s’affaiblissaient. À travers les murs, la vie continuait – rires d’enfants, conversations, sanglots étouffés. Ici, il n’y avait que le vide, un silence pesant qui écrasait mon souffle.
Lorsque le moniteur poussa un dernier signal aigu, je sus que tout était fini. Le médecin inscrivit l’heure de la mort avec une indifférence glaciale, presque mécanique, et sortit sans un mot. L’infirmière, elle, resta quelques secondes de plus. Ses yeux avaient quelque chose de compatissant, mais aussi d’inquiet.
— Elle a insisté pour que vous receviez cela, murmura-t-elle en déposant un vieux pli jauni dans ma main.
La lettre
L’enveloppe était froissée, lourde de secrets. Je l’ouvris d’un geste incertain, les doigts tremblants. À l’intérieur, un petit bout de papier jauni portait cinq noms écrits à la hâte, ainsi qu’une clé rouillée, marquée de symboles gravés à la main.
Sous la liste des noms se trouvait une phrase écrite en lettres irrégulières, presque griffonnées :
« N’ouvre jamais cette porte après le coucher du soleil si tu entends des pas. Ce qui viendra prendra ceux dont les noms figurent ici. »
Une vague de frissons parcourut ma nuque. Je relus la phrase trois, quatre fois, incapable de comprendre le sens caché derrière ces mots. Pourquoi moi ? Pourquoi ces noms ? Le seul que je connaissais était celui de notre voisin âgé, monsieur Arsen. Les autres m’étaient totalement inconnus.
La première nuit
En rentrant chez moi, il faisait déjà nuit. Mon mari ne s’était pas manifesté, pas un appel, pas un message. J’étais seule dans la cuisine, la lettre et la clé posées sur la table, les fixant comme si elles pouvaient m’apporter des réponses.
Vers 21 heures, j’entendis des pas dans le couloir. Des pas lents, réguliers, qui s’arrêtèrent juste devant ma porte. Mon cœur accéléra brutalement. Je m’approchai doucement, retenant ma respiration, et jetai un coup d’œil par le judas.
Le couloir était vide. Pourtant, un souffle léger, presque imperceptible, semblait glisser sous la porte, comme si quelqu’un ou quelque chose était là, invisible.
Le retour des pas
Le lendemain, j’essayai d’en parler à mon mari au téléphone, mais il semblait tendu et évitait mes questions.
— Ne t’inquiète pas, dit-il, je t’expliquerai tout ce soir.
Pourtant, le soir venu, les pas revinrent. Plus forts. Plus insistants. Je restai immobile, tenant la clé serrée dans ma main, comme une arme dérisoire. Puis une voix chuchota de l’autre côté de la porte :
— Nous nous souvenons des noms…
Je faillis hurler. Le silence qui suivit était encore plus terrifiant.
Les noms qui s’effacent
Deux jours plus tard, j’appris que monsieur Arsen, le voisin dont le nom figurait dans la liste, avait été retrouvé mort près de l’entrée de l’immeuble. Son visage était exsangue, comme vidé de toute vie.

Je me précipitai sur la lettre. Son nom était estompé, presque effacé. La clé, elle, paraissait plus lourde, glaciale au toucher.
Les révélations de mon mari
Lorsque mon mari rentra enfin, je lui tendis la lettre. Il devint livide en la voyant.
— Tu n’aurais jamais dû la lire, dit-il d’une voix basse et tremblante. — Maintenant, tu fais partie de cette histoire.
— De quelle histoire ? Que signifient ces noms ? Et cette clé ?
Il détourna le regard.
— Quoi qu’il arrive, n’ouvre jamais la porte après la tombée de la nuit. Et si tu entends ces pas, ne bouge pas, fais comme si tu n’étais pas là.
La peur s’installe
Chaque nuit, les pas revenaient. Toujours devant ma porte. Parfois, il y avait un faible coup frappé, parfois un murmure. Je sentais qu’un piège invisible se refermait sur moi, attendant une seule erreur pour frapper.
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