Un silence trop lourd, trop froid, comme si l’air lui-même retenait son souffle. Eduardo était déjà réveillé, assis au bord du lit, le regard perdu dans un point invisible, le visage noirci par une expression qu’aucun témoin n’oublierait jamais.
Quand la gouvernante entra pour servir le petit-déjeuner, elle poussa un cri qui glaça le sang de toute la maison.
Smirnova Viktorovna — radieuse, vivante, heureuse quelques heures plus tôt — gisait immobile. Ses doigts encore ornés du henné semblaient vouloir attraper quelque chose dans l’air, comme si elle s’était débattue au dernier instant. Ses lèvres, à peine entrouvertes, conservaient l’ombre d’un sourire… ou l’écho d’un dernier mot jamais prononcé.
La police arriva rapidement. Les médecins aussi. Mais aucun diagnostic n’était clair. Aucun signe d’agression, aucune blessure. Tout indiquait une mort naturelle. Une version inacceptable pour les parents de la jeune femme, qui prirent le premier vol pour Dubaï, les yeux brûlés par la peur et le désespoir.
Quand ils virent leur fille, ils ne purent retenir leurs larmes.
Pour eux, elle n’était pas morte — elle avait été éteinte. Envolée. Arrachée à la vie avec une brutalité invisible.
Les enquêteurs posaient des questions, mais Eduardo répondait avec une froideur étrange, presque mécanique :
— Elle s’est sentie mal la nuit. Elle s’est endormie… et ne s’est jamais réveillée.

Mais la mère de Smirnova ressentit immédiatement que quelque chose n’allait pas. La peau de sa fille avait une couleur inhabituelle, presque trop pâle. Ses yeux fermés semblaient forcés. Et surtout : la bague en diamant ne se trouvait plus à son doigt.
— Où est sa bague ? demanda la mère d’une voix tremblante.
Eduardo ne répondit pas. Il baissa simplement les yeux.
Alors, un frisson parcourut la pièce. Quelque chose n’allait pas. Quelque chose n’allait pas du tout.
Le père, reconnu pour son calme, sentit pourtant la colère brûler dans ses veines.
— Ma fille n’est pas morte sans raison. Je veux la vérité. Toute la vérité !
Les premiers résultats d’analyse parvinrent dans la soirée. Et ce que les parents apprirent dépassait l’entendement.
Dans son sang était détectée une substance rare, presque indétectable, utilisée dans certaines régions désertiques pour provoquer un arrêt cardiaque sans laisser de traces visibles. Cette substance, connue seulement de quelques spécialistes, agissait lentement, silencieusement, et ne laissait aucune chance de survie.
Leur fille avait été empoisonnée.
Quand la nouvelle frappa ses parents, un choc violent secoua leurs corps. La mère s’effondra, le père resta debout mais livide. Ce n’était plus de la douleur — c’était de la terreur pure.
Qui pouvait l’avoir fait ? Pourquoi ? Que cachait Eduardo derrière son masque de fiancé aimant ?
Les enquêteurs fouillèrent la villa. Dans un tiroir verrouillé du bureau d’Eduardo, ils trouvèrent un document qui fit frémir même les policiers les plus endurcis : un contrat secret stipulant que, dès que la jeune épouse décéderait, tous ses biens, y compris son héritage européen, seraient automatiquement transférés sur un compte appartenant à la famille du mari.
Un mariage… signé comme un piège. Une lune de miel prévue comme une exécution.
Et la bague disparue ? Elle avait été vendue dès l’aube dans une boutique privée d’antiquités.
Face aux preuves, Eduardo tenta de fuir le pays. Mais il fut arrêté avant d’atteindre la frontière.
Ce soir-là, les parents de Smirnova restèrent dans la chambre où leur fille avait rendu son dernier souffle. Ils regardèrent la robe blanche encore suspendue près du miroir — symbole d’un bonheur brisé avant même d’avoir existé.
La mère murmura :
— Si seulement elle avait su… si seulement elle avait vu ce que cachait son sourire…
Toute leur vie, ils se souviendraient de ce matin où ils avaient appris la vérité.
Une vérité si monstrueuse que leurs cheveux s’étaient dressés sur leur tête comme si la peur elle-même voulait sortir de leur peau.
Et dans le silence lourd de la nuit, une seule pensée les hantait :
Comment l’amour peut-il devenir un piège mortel… quand celui qui dit “je t’aime” prépare déjà ta fin ?
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